N°41 - Août 2007






Parutions
Editions
- La Corse de Maupassant, prés. de Jean-Dominique Poli, Ajaccio, Albiana, juin 2007, 120 p. (10 euros)
Recueil de sept nouvelles et de sept chroniques de Maupassant inspirées par son séjour en Corse en 1880.

- Nouvelles animalières, éd. Nathalie Lebailly, Paris, Magnard, Classiques & contemporains, juin 2007, 151 p. (5 euros)
Nouvelles de Patricia Highsmith, Edgar Poe, Alphonse Daudet et Maupassant, notamment « La Bête à Maît' Belhomme » et « Coco ». Ouvrage destiné à des élèves de 3e/2de, de seconde professionnelle et de Terminale BEP.

- Guy de Maupassant, Contes du jour et de la nuit, rééd., Paris, Flammarion, GF, juillet 2007, 251 p. (3,80 euros)
Edition destinée à la jeunesse (12-15 ans).

- Guy de Maupassant, Le Horla et autres nouvelles, Paris, Prisma Editions, coll. Fantastique, juillet 2007, 207 p. (4,99 euros)
Ouvrage destiné à des enfants dès 9 ans.

- Guy de Maupassant, Contes de la bécasse, Paris, L.G.F., Le Livre de Poche, juillet 2007, 189 p. (2,75 euros)

- La Folie dans les nouvelles fantastiques de Guy de Maupassant, Paris, Nathan, Carrés classiques collège ; 26, juillet 2007, 128 p. (4,40 euros)
Ouvrage destiné à des classes de collège.

- Guy de Maupassant, Boule de suif, éd. Nathalie Meyniel, nouv. éd., Paris, Flammarion, Étonnants classiques ; 87, août 2007, 96 p. (2,50 euros)
Ouvrage destiné à des classes de collège. Comporte des outils pédagogiques.

- Guy de Maupassant, Nouvelles, vol. 2, éd Laurence Teper, Paris, Hatier, Œuvres et Thèmes, août 2007. (3,35 euros)
Texte intégral suivi d'un dossier. Ouvrage destiné aux classes de collège et de lycée.

- Guy de Maupassant, Boule de suif et autres nouvelles, nouv. présentation, Paris, Larousse, Petits classiques Larousse ; 50, août 2007. (2,95 euros)
Destiné à des élèves de collège.

Ouvrage et numéro spécial de revue
Guy de Maupassant, études réunies par Noëlle Benhamou, Amsterdam/New York, NY, Rodopi, C.R.I.N., Cahiers de recherche des Instituts néerlandais de langue et de littérature françaises ; 48, 2007, 167 p. (34 euros)
Sommaire :
- Noëlle Benhamou, « Maupassant dans le monde aujourd'hui. Introduction », p.7-10.
- Adrian Ritchie, « Maupassant en 1881 : entre le conte et la chronique », p.11-20.
- Marc Smeets, « Huysmans, Maupassant et Schopenhauer : note sur la métaphysique de l'amour », p.21-31.
- Kelly Basilio, « Trilles et frétillements. L'écriture « impressionniste » du désir dans Une partie de campagne de Maupassant », p.33-44.
- Hans Färnlöf, « De la motivation du fantastique », p.45-56.
- Concepción Palacios, « Maupassant et Clarín, face à face », p.57-69.
- Karl Zieger, « Arthur Schnitzler - un « Maupassant autrichien » : le rôle de Maupassant pour l'insertion d'un auteur étranger dans le champ littéraire français », p.71-80.
- Galyna Dranenko, « L'histoire de l'héritage maupassantien en Ukraine », p.81-90.
- Alexandra Viorica Dulau, « La réception de Maupassant en Roumanie », p.91-101.
- Arselène Ben Farhat, « La réception de Maupassant dans les pays arabes : étude des stratégies paratextuelles dans les récits traduits », p.103-109.
- René Godenne, « Le monde de la nouvelle française du XXe face à Maupassant », p.111-118.
- Leisha Ashdown-Lecointre, « Maupassant à l'écran : The Golden Braid (1990) de Paul Cox, adaptation filmique de La Chevelure », p.119-129.
- Noëlle Benhamou, « Il diavolo (2005) d'Andrea Lodovichetti : du conte noir à la fable métaphysique », p.131-144.
- Lettres et documents, présentés par Noëlle Benhamou (4 lettres inédites de Guy de Maupassant), p.145-163.
- Résumés, p.165-167.
http://www.rodopi.nl/senj.asp?BookId=CRIN+48

Articles et contributions à des actes de colloques

Voir contributions du numéro spécial ci-dessus.

Matériel audiovisuel
- Guy de Maupassant, La Peur, Avatar Productions, mini CD audio, 2007, 16,21 minutes (6 euros)
Pour écouter un extrait (version de « La Peur » d'octobre 1882) au format mp3 sur le site Avatar Productions, cliquer sur le lien suivant :
http://avatar-productions.com/LaPeurExtrait.mp3

- Guy de Maupassant, Sur l'eau, Avatar Productions, mini CD audio, juin 2007, 18,54 minutes (6 euros)
Pour écouter un extrait au format mp3 sur le site Avatar Productions, cliquer sur le lien suivant :
http://avatar-productions.com/SurLeauExtrait.mp3


Evénements
Mort de Michel Serrault
Michel Serrault (1928-2007) vient de mourir. Si l'on connaît la plupart des films dans lesquels il se rendit célèbre, on ignore souvent qu'il avait joué plusieurs fois dans des films tirés d'œuvres de Maupassant. Il était apparu, avec son complice Jean Poiret (1926-1992), dans La Terreur des dames de Jean Boyer en 1956, adaptation de « Ce cochon de Morin », où les deux comédiens interprétaient des gendarmes, et Noël-Noël le rôle titre de Morin. Quelques années plus tard, Carlo Rim fit appel au duo d'humoristes pour incarner Sauvage et Morissot du conte « Deux amis », diffusé à la télévision en 1963. Le comédien devait collaborer à la seconde série d'adaptations des contes pour France Télévisions mais son état de santé ne lui permit vraisemblablement pas de participer au tournage.
http://www.toutelatele.com/article.php3?id_article=7381

Lectures en Alsace
Le 7 août prochain de 20h30 à 22h, auront lieu à Strasbourg des lectures de textes de Maupassant, accompagnées de musiques créées pour l'occasion. Entrée gratuite.
Eté cour, été jardin - les Mardis littéraires et poétiques
Maison paroissiale Munsterhof
9 rue des Juifs
67000 Strasbourg (France)
http://www.agenda-culturel.com/evenement.php?idevenement=36358/2007-08-07-guy-de-maupassant-ete-cour-ete-jardin-/-les-mardis-litteraires-et-poetiques-strasbourg-maison-paroissiale-munsterhof-67
(Adresse à recopier sur une seule ligne)

Out there à Londres
Out there, court-métrage de Hervé Constant tiré de « Lettre d'un fou », sera présenté mardi 14 août prochain, entre 18h et 19h, au Festival du film de Portobello (Portobello Film Festival), qui se tiendra à Londres du 1er au 22 août.
Westbourne Studios
242 Acklam Road
London W10 5YG (GB)
http://www.portobellofilmfestival.com
http://www.portobellofilmfestival.com/2007/studios14.html
Nous avons récemment obtenu une interview d'Hervé Constant à propos de son court-métrage. Voici donc les questions que nous lui avons posées, suivies des réponses de l'artiste qui nous a aimablement autorisée à les reproduire dans la revue Maupassantiana.

- N.B. : Pourquoi avoir choisi cette nouvelle de Maupassant en particulier ?
H.C. : Car c'est un récit qui me touche. Voir cet être humain perdre pied avec les choses et les gens autour de lui et devenir de plus en plus isolé dans sa perception de ce qui l'entoure. Il entre dans la rare catégorie de ceux qui voient les choses comme absolues.
     Ce long monologue m'a beaucoup intéressé. C'est d'ailleurs pour cette raison que la bande son est une voix enregistrée.
     J'aime cette histoire parce qu'elle est éternelle, qu'elle ne se passe durant aucune saison et aucune période historique. Elle peut être jouée et présentée partout et dans n'importe quelle langue. Lors de la précédente projection du film au studio.ra de Rome [en décembre 2006], j'ai été étonné de voir que le public accueillait le court métrage en anglais avec intensité comme s'il n'y avait pas de barrière de la langue. C'était extraordinaire. Sans aucune traduction du texte, ces gens étaient émus par la tension, le drame qui se déroulait, issus des conflits intérieurs du personnage.
     Pour moi, c'est une histoire existentielle qui traite des grandes questions de l'univers : Qui sommes-nous ? Que faisons-nous ? Où allons-nous ?
     Le personnage de Out there dit qu'en dehors de nous la palette avec laquelle le monde est peint n'est pas simple et unique et que nous devons employer d'autres perceptions pour le réaliser ; que nous devons nous révolter contre les conventions et remettre en question les choses apprises ; que pour comprendre l'absolu, l'extraordinaire derrière l'ordinaire, nous devons modifier nos sens et opérer des changements dans notre pensée conceptuelle.

- N.B. : Pourquoi avoir choisi le noir et blanc et un acteur d'un certain âge pour tenir le rôle du narrateur ? un cadre contemporain ?
H.C. : Comme c'est la première fois que je tourne un film de cette longueur, je voulais conserver une histoire simple qui ne nécessitait pas des moyens techniques trop coûteux. D'où un seul acteur, et un seul lieu : un appartement.
     Pour moi, le noir et blanc est synonyme d'un état intérieur. C'est pur, alors que la couleur nous ramène à un état présent, est attrayante et distrayante. Je voulais donner à la majorité des prises de vues l'impression d'une sorte de rêve, d'un lent monologue intérieur. Je souhaitais que les spectateurs se sentent, si l'on peut dire, en position de témoins suivant un voyage mental. J'aimerais qu'ils soient touchés et intéressés comme moi par le voyage de cet humain anormal dans la logique même de la plupart des gens - parlant un langage du cœur.
     En ce qui concerne l'âge de l'acteur, il était important pour moi d'avoir quelqu'un de profond qui montre une expérience de la vie, qui puisse exprimer avec maturité une connaissance de soi, par conséquent de montrer sa situation difficile de façon plus poignante.

- N.B. : Pourquoi ne pas avoir fait parler l'homme devant la caméra ? Ses lèvres bougent à un moment du film, n'est-ce pas ?
H.C. : Oui. On voit ses lèvres bouger plus d'une fois. Je demanderai sans doute à l'acteur de parler face à la caméra quand je tournerai à nouveau le film. Le voir parler d'un sujet pendant qu'on entendait une voix-off différente venant de lui ou d'une bande son me plaisait.
     Entre des prises de vues, alors que l'on parlait de choses et d'autres, je me suis aperçu qu'il ne posait plus et dès lors j'ai fait quelques prises en ayant en tête d'en inclure certaines pour le film. Mais comme il ne parlait pas de sujets en relation avec le personnage, je n'ai gardé que les yeux et le regard. Car ces prises là étaient beaucoup plus humaines. Rien à voir avec un acteur.

- N.B. : La séquence du miroir sans reflet est quelque peu écartée. Est-ce pour ne pas tomber dans le surnaturel et limiter ainsi les manifestations du malade à un dérangement intérieur ?
H.C. : Au début, j'ai sérieusement pensé inclure des images surnaturelles dans la scène du miroir. Mais rapidement, je me suis dit qu'il valait mieux que les images décrites par le personnage de Out there soient suggérées et recréées par le public lui-même plutôt que de les lui imposer dans le film.
     Personnellement, je pense que le défi de l'artiste qui crée un objet (film, livre, tableau, etc.) est de laisser des espaces à l'intérieur de l'œuvre pour que le public les remplisse selon ses impressions.
     Pour moi, la création artistique est une relation humaine ; elle doit être un échange et le talent n'est pas seulement de montrer, mais plutôt de permettre au public de découvrir par lui-même. C'est ce qui m'est arrivé avec l'œuvre de Maupassant. Je suis respectueux envers elle, étant donné qu'elle m'a permis, selon moi, de cheminer avec l'auteur et d'y ajouter, en toute modestie, quelques touches personnelles. »

Les Soirées contes du terroir !
Le conteur Reynald Flory interprètera trois nouvelles de Maupassant « La Rempailleuse », « Le Diable » et « Toine » dans Le Lit de la société, le 17 août à 20h30 à la salle des fêtes de Belleville-en-Caux.
Présentation du spectacle : « Il se passe des choses étonnantes chez le Docteur Héraclius Gloss ! D'ailleurs les « patients » qui ne sont pas malades ne s'y trompent pas. Ils ne viennent pas pour se faire soigner, mais juste pour écouter un autre malade imaginaire qui donne des nouvelles, des nouvelles de Guy de Maupassant, amères, drôles, cocasses… Alors n'hésitez pas, prenez rendez-vous. La consultation n'est pas remboursée mais comme on dit cheu nous : « Vous n'aurez pour vos sous ! ». »
Spectacle à partir de 10 ans.
Durée : 1h15
Tarif : 3 euros par personne.
Réservation :
Office de Tourisme d'Auffay
Tél : 02.35.34.13.26
e-mail : infos@ot-auffay.fr
http://www.terroir-de-caux-tourisme.fr/modele.php?ref=3

J'ai des nouvelles de Maupassant
Le dimanche 19 août à 20h30, une représentation de « J'ai des nouvelles de Maupassant », pièce souvent citée dans Maupassantiana, sera donnée à La Ferme du Bois Jegan à Saint-Lô.
Pour de plus amples renseignements, contacter le théâtre de la Presqu'île.
http://theatre-presquile.com/index.php?page=a-voir-prochainement


Maupassant dans l'enseignement secondaire
La rubrique est « en vacances » durant le mois d'août. Néanmoins, si vous avez connaissance de séquences pédagogiques valables ou si vous-mêmes avez créé et mis en ligne des séquences et projets autour d'une oeuvre de Maupassant, n'hésitez pas à m'en faire part. L'information sera relayée par la revue et le site.


Boule de Surf, Maupassant sur le Web
Revue de presse du Web
Quelques articles récemment mis en ligne et ayant trait à Maupassant et à la littérature du XIXe :
- « La Terre vue d'un ballon », article du 12 juillet 2007, d'Etienne de Montety dans Le Figaro littéraire, qui rend compte de l'édition En l'air, Paris, éditions du Sonneur, 2007 :
http://www.lefigaro.fr/litteraire/20070712.WWW000000271_la_terre_vue_d_un_ballon.html
- Un article du 30 juillet sur l'éditeur Ernest Flammarion et ses descendants, Le Figaro Littéraire en ligne :
http://www.lefigaro.fr/litteraire/20070730.WWW000000332_les_grandes_dates.html
- « La « verità » di Maupassant » [La « vérité » de Maupassant], par Franco Calabro, dans Avanti !, quotidiano socialista (Italie), du 19 juillet 2007 :
http://www.avanti.it/article.php?art_id=16823
- « La clinica che curava l'anima agli scrittori » [La clinique qui soignait l'âme des écrivains] par Idolina Landolfi dans Il Giornale (Italie) du 26 juillet 2007, sur la clinique du Docteur Blanche et la traduction italienne du livre de Laure Murat :
http://www.ilgiornale.it/a.pic1?ID=195387

Nouveau site Maupassantiana
Le site Maupassantiana fait peau neuve. Il est désormais accessible à l'adresse suivante : http://www.maupassantiana.fr Merci de bien vouloir changer vos liens et favoris, ainsi que l'adresse électronique pour toute correspondance : webmaster@maupassantiana.fr. Comme vous pourrez le constater, la page d'accueil a été légèrement modifiée et des rubriques ont changé de place. Le moteur de recherche ne fonctionne pas encore très bien et certains liens et documents ne sont plus accessibles pour l'instant. D'autres ont été créés, notamment dans la Bibliographie : section Prolongements, et Documents. Le chantier continuera à la rentrée.


En lisant
- Frank Harris, « Souvenirs sur Guy de Maupassant », dans Ma vie et mes amours, traduit de l'anglais par Madeleine Vernon et Henry-D. Davray, Paris, Gallimard, 1960, p.330-332.
     « Ce bouleversement que lui produisait cette voix « sourde et caressante », elle l'éprouvait à nouveau en recevant les lettres de son amant, soucieux d'entretenir en elle le culte de leur amour :
     « Je possède de très nombreuses lettres de lui. Il m'écrivait de partout : de Paris, de Tunis, de Cannes, de Chatou, d'Etretat, etc. Elles sont surtout de Paris et de Cannes ; il me les adressait d'une façon aussi imprévue que charmante, et cela au moment où je m'y attendais le moins. C'était surtout aux époques où nous demeurions tous les deux dans la même ville.
     « Il se passait parfois une semaine sans qu'il m'écrivît un seul mot ; d'autres fois ses lettres arrivaient l'une après l'autre, sans répit, ne contenant que quelques lignes parfois, mais si belles, si suggestives, si ardentes, qu'elles m'obsédaient pendant longtemps.
     « Il lui arrivait de m'écrire une heure après que nous nous étions vus. Il n'en trouvait pas moins à me dire des mots si exquis, si inattendus, qu'une envie irrésistible me prenait, en les lisant, de courir à lui sur-le-champ et de le remercier, avec des larmes dans les yeux, de tout le bonheur qu'il me faisait éprouver.
     « Mais ses lettres, le plus souvent, portaient une date de nuit. Il m'obligeait ainsi à l'avoir sans cesse devant mes yeux, à le suivre pour ainsi dire pas à pas dans ses pensées. Et il ne me cachait rien, mon noble ami, rien de ses impressions les plus subtiles. »
     Il faut citer quelques fragments datés de Paris, 1888, minuit, pour donner une idée de l'intensité des sentiments de Maupassant :
     « Je suis si bien à vous ce soir, mon aimée, que longtemps après votre départ, je reste encore à vous adorer en silence, avec des mains qui tremblent, avec un cœur qui se serre et des yeux qu'emplit et qu'affole votre visage, je reste là, dans cette chambre, où votre voix rôde encore, où flotte encore votre parfum.
     « Tout est douceur, tout est prière, tout est reconnaissance dans ma chair, dans mon sang, dans mon âme, tout est sacré dans ma pensée qui s'élance vers vous, qui vous cherche à travers les murs, dans la ville immense où nous sommes... Il y a peu d'heures, vous étiez là près de moi, dans mes bras. Je suis seul, maintenant. Mais quelque chose de vous est demeuré autour de moi, dans l'air impalpable ; et, au-dedans de moi, dans les plus obscurs recoins de mon cœur. Et les détails de votre personne se confondent si bien en moi que je ne sais vraiment plus si j'ai vu votre voix, ou si j'ai respiré votre visage, ou si j'ai entendu votre parfum. » »

(La suite dans le prochain numéro de Maupassantiana)

- François-Olivier Rousseau, Sébastien Doré, roman, Paris, Le Mercure de France, 1985, p.367-368.
Comblé par la gloire et déçu par la vie, Sébastien Doré, pianiste virtuose applaudi par le tsar de Russie, se retourne sur le jeune homme qu'il fut.
« C'est que la véritable consécration d'un don exceptionnel, l'apothéose d'un artiste, ne sont pas dans le triomphe mais dans l'abaissement qui suit quelquefois le triomphe. Il faut survivre à ses succès le temps de goûter cette défaveur, cette dérision, cette déchéance parfois, qui marquent in extremis la carrière des plus grands. Devenir célèbre, ce n'est rien. Être fêté, applaudi, ce n'est rien. Mais ouvrir la main sur tout cela et, dans l'humiliation délibérément recherchée de soi-même et de son art, bafouer sa gloire passée en trahissant l'admiration quiète de ceux qui vous l'ont donnée, c'est révéler la nature essentielle du talent qui ne se possède tout à fait ni ne se soucie d'être apprécié. C'est aussi, en lui donnant cette forme d'antithèse, relever sa vie d'un effet clair-obscur qui caractérise les destinées hors pair. Ce dément malmené par des infirmiers brutaux était Schumann ; ce syphilitique qui, dans une identification dans fonctions du corps à la métaphore même de la création, croyait avoir le ventre plein de pierres précieuses, s'appelait Maupassant et ce pochard que l'on expulsait des cafés, Oscar Wilde… Si un détail de sa vie pouvait convaincre malgré tout que Corneille avait du génie, c'est l'image du vieux poète tragique attendant dans l'échoppe d'un cordonnier qu'on ait réparé son unique paire de chaussures… Le public, disait Gustave Berg avec un ricanement, est une entité qui n'existe que par le mépris que les vrais artistes, à leur tour, ne se discernent que par le mépris où le public les a longtemps souillés de son estime les laisse retomber. Je n'aurai pas connu la cruauté du personnel des asiles de fous, ni les mirages scatologiques du tabès, ni la misère des semelles percées, ni l'opprobre des sodomites. Il n'y a rien dans ma vie qui puisse donner prise à la légende et c'est juste car j'aurai été tout du long un médiocre. »


Qui sait ?
Une abonnée roumaine a trouvé un article de souvenirs contenant un fragment de poème qui serait de Maupassant. L’article et les trois vers étant en roumain, elle a dû retraduire au plus près du sens sans respecter la versification. Voici la traduction française :
« Et je leur ai dit qu’il y a déjà soixante-dix ans, Guy de Maupassant évoquait en vers, [sic] l’hécatombe de ceux abattus par les dragons de Paris, disant aux jeunes gens [venus] de loin :

     Combien d’yeux étonnés ne s’éteignent dans la nuit !
     Dans votre éloignement/lointain ne pénètre
     Que l’écho de ceux qui vainquent ! »

Quelqu’un sait-il si ces vers correspondent à d’autres, écrits par Maupassant et où ils se trouvent ?

(Réponse à la revue qui transmettra)

Bonnes vacances à tous !


Noëlle BENHAMOU

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